Centre Entretien Routier — Mens
Le projet de réhabilitation - extension du Centre d'Entretien Routier s'inscrit dans une parcelle étroite où il convient d'implanter précisément des nouvelles fonctions. Le bâtiment existant présente une morphologie inspirée des fermes alentours, un grand corps central à la toiture à quatre pans. Une extension hasardeuse en partie Est est démolie pour redonner la pleine lisibilité du volume centrale qui accueille les engins. Deux grandes unités viennent compléter ce dispositif en se disposant de part et d'autre, à l'Est et l'Ouest, dans un mouvement similaire aux grands corps de ferme qui jalonnent le Trièves. Les emplacements sont stratégiques, la vue et le soleil, la protection du vent et la facilité d'accès. Ils opèrent dans la tradition du modèle bâti séculaire par des juxtapositions adaptées et des effleurements. L'étroitesse de la parcelle procède au travers de sa limite comme une découpe sur ces formes nécessaires et les cisèlent précisément.
Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre.
roland barthes
L’aire de lavage, à l’Est, offre un grand pignon aligné au faîtage du bâti existant qui permet de déployer à l’intérieur du volume la benne des engins pour les nettoyer aisément. Son pignon offre la matérialité de la structure dans sa plus simple expression, comme un effet de tranche fruit d’une découpe obligatoire du contexte sur le bâti. Le volume n’a que la peau et les os, le squelette apparaît et le bardage filtre la lumière et l’air pour offrir un espace de travail efficient.
L’espace du personnel, à l’ouest, se tourne vers le grand paysage et propose une ambiance domestique pour offrir aux usagers un espace cossu à leur retour des tournées hivernales exténuantes. Son pignon tranché par la limite abrite une large terrasse ouverte sur Mens et un espace supplémentaire qualitatif pour les agents. Son rez-de-chaussée s’inscrit dans la tradition du plan Corbuséen pour la Villa Savoye en disposant un plan libre autour d’un noyau central permettant au véhicule de le contourner. Cette figure de la modernité est réinterroger à l’horizon d’un espace fonctionnel qui se part en sous-face du motif de goutte du peintre Rogis Borer intégré par poinçonnage dans les panneaux métalliques.
Passer sans laisser de trace est peut-être la meilleure façon de conquérir le temps et l’univers.
MARINA TSVETAEVA
Le projet opère une synthèse entre besoin fonctionnel pur, forme construite vernaculaire et volonté d’inscription de l’architecture dans un horizon de fabrication contemporaine.
Plans
